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Les lycéens de Porte Océane ont découvert le passé négrier de la ville du Havre
Anaïs Gernidos, présidente de l’association Mémoires & Partages, a guidé la visite des lycéens sur les traces de la traite négrière dans la cité océane. Une découverte à laquelle les jeunes se sont montrés très sensibles.
L’antenne havraise de la Fondation Mémoires & Partages inaugure de nouvelles visites guidées à l’intention des lycéens. Les premières ont eu lieu pendant deux jours pour les 80 lycéens des classes de seconde du lycée Porte-Océane. Par groupes de dix, les jeunes ont découvert l’histoire de la traite et de l’esclavage au Havre sous la direction d’Anaïs Gernidos, présidente de l’association Le Havre Mémoires & Partages.
Le quartier Saint-François : un lieu de mémoire
Au programme : la visite de la Maison de l’Armateur sur le quai de l’Île. Cette riche demeure du négociant armateur Martin Foäche, qui l’acquit en 1800 pour y établir sa maison de commerce et son habitation, reste emblématique du commerce triangulaire.
La déambulation s’est poursuivie dans les rues Dauphine et Jean-de-La-Fontaine, témoignant du passé où se côtoyaient hôtels particuliers de négociants et logements insalubres des équipages.
Enfin, la balade s’est terminée sur la passerelle du bassin du Commerce (passerelle Le Chevalier) permettant de situer au niveau du monument aux Morts « la grande mâture », qui permettait d’enlever ou de poser les mâts des navires nombreux sur le bassin à cette époque, ou encore la bourse, haut-lieu du commerce colonial, à l’emplacement où se tient aujourd’hui le Pasino.
L’histoire comme repère identitaire
« Cette visite apporte des connaissances que l’on ne trouve pas dans les manuels scolaires », soulignait Angélique Moreau, professeure d’histoire-géographie. « Pour aller plus loin dans ce travail, nous participons au concours scolaire national intitulé “La Flamme de l’Égalité” dont l’édition 2022 porte sur le thème “Travailler en esclavage” », poursuivait-elle en se réjouissant du grand intérêt de ses élèves pour le projet.
Effectivement, les visites ont été ponctuées de nombreuses questions sur la déportation des personnes réduites en esclavage, auxquelles Anaïs Gernidos a longuement répondu en évoquant sa propre histoire familiale. « Au-delà de l’approche historique, le sujet peut interpeller certains jeunes sur leur quête identitaire », constatait-elle avant de conclure : « En abordant ces sujets avec les adolescents, on peut espérer une réflexion sur les mécanismes du racisme et une ouverture des consciences pour une société plus fraternelle ».
700 bateaux au Havre en partance pour l’Afrique
Durant quatre siècles, le commerce triangulaire au Havre a compté 700 bateaux en partance pour l’Afrique. Les lycéens réagissent : « On a étudié en cours l’histoire de la traite négrière et du commerce triangulaire, mais ça fait bizarre d’apprendre que ça s’est passé dans notre ville, dans ce quartier Saint-François surtout fréquenté pour ses restaurants. La visite était vraiment intéressante, détaillée et bien expliquée, on a découvert une histoire qu’on ne connaissait pas du tout. Quand on pense à tous ces captifs enchaînés et entassés dans les cales des bateaux, c’est profondément choquant, ça fait réfléchir… »